Du 16 septembre au 7 octobre dernier, l’armée de Terre a déroulé l’exercice Manticore qui, pour la première fois, mixait les trois exercices annuels majeurs de 3 unités de l’armée de Terre : la 11e Brigade parachutiste (11e BP), la 4e Brigade d’aérocombat et le Commandement des forces spéciales terre (COM FST). Pendant quatre semaines, près de 3 000 militaires ont conduit des opérations entre l’Occitanie et la Nouvelle-Aquitaine. Le but ? Travailler l’interopérabilité dans la profondeur du champ de bataille en vue, entre autres, de préparer Orion, exercice qui en 2023 réunira les trois armées dans un format inédit, le plus important de ces 50 dernières années.
Le CNE Sylvain, récemment diplômé de la promotion « Paul Schmidt » de l’École supérieure des officiers de réserve spécialistes d'état-major (ESORSEM) et employé au sein du 1er Régiment du train parachutiste (1er RTP), nous fait partager les arcanes de Manticore au prisme de son unité. Son témoignage illustre par ailleurs l’employabilité des réservistes opérationnels.
Unique au sein des armées, le 1er RTP a pour missions majeures l’appui à la mise à terre de la 11e BP, et en particulier de l’échelon national d’urgence des troupes aéroportées (ENU TAP) – seul élément d’urgence permanent des armées françaises - le ravitaillement par air, la reprojection et le désengagement de la 11e BP. Il est également chargé de la mise à la mer des commandos marine et de leurs embarcations. Généralement médiatisée sous l’unique prisme des largages de matériels ou de ravitaillements lourds et volumineux, la Livraison par air (LPA) est une capacité beaucoup plus large. Elle regroupe l’ensemble des procédés de mise à terre par aérolargage ou par poser des parachutistes, de leurs équipements et des ravitaillements.
Pour l’exercice MANTICORE, le 1er RTP a donc mis en œuvre, à partir du Pôle national des opérations aéroportées (PNOAP) situé dans son quartier à Toulouse-Francazal, les structures nécessaires pour la préparation et l’exécution de l’Opération aéroportée (OAP). Le 1er RTP offre au PNOAP une capacité d’intervention immédiate, puisqu’il dispose de l’ensemble de ses moyens et personnels qualifiés sur place.
Récemment diplômé du cours supérieur, le capitaine de réserve sylvain a pu rapidement utiliser au sein du PC Groupement d’appui à la mise à terre (GAMAT) du 1er RTP les connaissances acquises lors de sa formation à l’ESORSEM.
Il a ainsi intégré le Centre opérationnel (CO) en qualité d’adjoint au chef de la cellule C2 dédiée au renseignement. Il s’agissait de travailler sur la Méthode d'élaboration d’une décision opérationnelle tactique (MEDOT) – outil de raisonnement dont la finalité est de produire des ordres de niveau tactique - et d’être en mesure de faire les points réguliers sur l’activité ennemie.
Le 1er RTP travaillant en avance de phase dans sa mission de mise à terre des personnels et du matériel de la 11e BP ainsi que des ravitaillements par voie aérienne de la force amie, il a fallu tenir compte de la spécificité de la mission du régiment afin de fournir une production adaptée lors de la rédaction d’Ordres d’opération (OPO). De même, la réflexion MEDOT a été quelque peu été bouleversée par la prise en compte d’un ennemi essentiellement composé de dispositifs de défense SOL/AIR et par l’absolu nécessité de conditionner bien en avance du départ de coup. En effet les OAP restent complexes ; l’adaptation et la réversibilité doivent être anticipées.
Confronter la théorie de la MEDOT apprise lors du cursus à l’ESORSEM à la réalité de l’environnement opérationnel dans l’exercice MANTICORE a été particulièrement intéressant pour le CNE Sylvain. Il a également apprécié pouvoir partager son expérience avec d’autres réservistes opérationnels affectés eux à la protection du PC, ce qui montre la diversité d’emploi et l’importance des réservistes au sein d’un état-major. Le CNE Sylvain tire donc beaucoup d’enseignements positifs de sa participation à MANTICORE : « le travail en collaboration avec les personnels d’active a été enrichissant et profitable pour parfaire ma formation. La satisfaction est totale et me donne envie de renouveler l’expérience »
Il espère également que son témoignage, lors de l’exercice comme par cet écrit, donnera envie à d’autres réservistes de poursuivre leur cursus dans la voie état-major.
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