Rencontre Retour Expérience et Prospective (23 novembre 2009). Ce colloque, qui réunira un panel d'intervenants de haut niveau, issu du monde politique, militaire et associatif, français et étranger, mènera une réflexion sur les nouveaux aspects des engagements terrestres auxquels nos forces, aux côtés de nos alliés, sont aujourd'hui confrontées.

 

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Programme
Synthèse des interventions

 



armes coeurs« Le durcissement des engagements de nos unités terrestres, de plus en plus souvent au contact sous le feu de l'adversaire, c'est une réalité pour nos unités. Pour autant, dans le même temps et sur les mêmes lieux, c'est bien la population qui constitue l'enjeu de ces engagements : avec un décalage politique et culturel parfois saisissant, nos soldats doivent gagner la confiance de cette population et l'accompagner concrètement dans le lent processus de reconstruction d'un pays fragilisé » C'est pour essayer de répondre à cette problématique que le général de division Thierry Ollivier, commandant le Centre de doctrine d'emploi des Forces (CDEF) de l'armée de Terre et son partenaire, la Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS), ont souhaité organiser un colloque sur la thématique « Des armes et des cœurs : les paradoxes des guerres d'aujourd'hui ». Plus de 300 auditeurs issus du monde politique, médiatique, militaire, universitaire, associatif et de l'industrie de défense se sont réunis le lundi 23 novembre dernier à l'assemblée nationale (salle Victor Hugo) pour un après-midi d'échange.

Ce colloque s'inscrivait dans le cycle « Retex et prospective ». Au fil des années, des intervenants de haut niveau se rencontrent, échangent et confrontent leurs savoir-faire et leurs expériences. Lors de cette 6e édition du cycle, comme pour les autres, le CDEF et la CEIS ont mis un point d'honneur à réunir des personnalités différentes aussi bien du monde civil que militaire pour mener à bien une réflexion commune.

La présence cette année de parlementaires, comme monsieur le député Louis Giscard d'Estaing, qui au nom du président Guy Teissier a ouvert le colloque, et madame la députée Françoise Hostallier , bien connue pour sa compétence sur l'Afghanistan, ont permis des échanges aussi intéressants que constructifs, le volet politico-stratégique apparaissant comme une donnée essentielle dans la problématique des guerres d'aujourd'hui.

Les auditeurs ont entendu différentes approches à travers deux tables rondes « Témoignages » et « Prospective ». Les débats étaient tournés vers les nouveaux aspects des engagements opérationnels où les Forces terrestres doivent faire face à une intrication entre le combat et les actions d'assistance à la population.

TÉMOIGNAGES

Avec cette 1re  table ronde l'objectif était de donner la parole à des personnalités - militaires ou civiles - qui ont été amenées à intervenir dans les conflits actuels.

L'expérience tactique d'un commandant de bataillon avec le colonel Chatelus ou la vision plus opérative et stratégique du général de division de Bavinchove, ancien commandant de la Finul au Sud Liban, ont apporté un éclairage sur l'emploi actuel des Forces terrestres. Mme Borione, ancienne ambassadrice du Kosovo a, quant à elle, apporté son expérience diplomatique d'ancienne ambassadrice au Kosovo. Selon elle, la KFOR est à la fois le marqueur d'une tutelle internationale sur le territoire, le substitut d'une cohésion communautaire locale défaillante et un acteur d'un paysage multilatéral et institutionnel complexe.

L'intervention très franche de Mme Sarah Chayes, dirigeante de la société coopérative Arghand (créée par elle en Afghanistan) et conseillère spéciale auprès du commandement de la FIAS a été très remarquée. Pour elle « l'enjeu, c'est la population »  et cela doit entraîner un changement profond des mentalités politiques et des actions militaires sur le terrain.

PROSPECTIVES

La deuxième table ronde était tournée vers les réflexions prospectives. Ainsi le général de division Stollsteiner a apporté son analyse sur une nouvelle complémentarité civilo-militaire à l'OTAN. Dans un tout autre registre, Benjamin Salama a fait profiter l'assistance de ses connaissances sur l'Islam afin de ne pas le confondre avec le terrorisme, au risque de donner aux terroristes une caution religieuse. Le dernier intervenant de cette table ronde était Étienne De Durand de l'IFRI. Il s'est attaché à montrer que l'emploi de la force militaire ne permet plus d'atteindre l'objectif politique. Elle est une condition nécessaire mais non suffisante pour parvenir à la paix. Etienne de Durand milite pour une coordination interministérielle et internationale encore plus poussée au sein d'une approche globale et intégrée en faisant un effort sur les fonctions régaliennes (l'armée, la police et la justice) pour permettre l'émergence d'un État cohérent et viable.

Le chef d'état major de l'armée de Terre (CEMAT), le général d'armée Elrick Irastorza, a conclu ce colloque en soulignant que ce n'est qu'avec une approche globale que nous arriverons à passer de la guerre à la paix. La problématique « des armes et des cœurs » n'est pas nouvelle car nous avons déjà dû faire face dans le passé à cette complexité d'engagement entre action et reconstruction. En revanche «  ce qui est plus complexe aujourd'hui c'est l'intrication de l'état final recherché, le retour à la paix, et d'opérations dont le succès dépend pour l'essentiel de l'adhésion des populations au profit desquelles elles sont conduites ».

Le CEMAT a terminé son allocution en rappelant que ce qui fait l'originalité du soldat Français,  c'est son aptitude à la réversibilité en fonction des situations, à passer dans l'instant d'une posture de combat à celle d'une présence amicale, à l'anticiper, à en prendre le risque ».  Et c'est en donnant les capacités techniques et en assurant une bonne formation à ces soldats que l'armée de Terre arrivera à s'adapter car, face à l'adversaire et pour gagner la confiance de la population, il faut savoir équilibrer les comportements entre  « vive force » et « présence dissuasive et rassurante ».

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