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Le nouveau visage de la guerre
Mode habituel de résolution de conflits marqués par des intérêts de puissance et des volontés de conquête, l’usage de la guerre est progressivement entré dans un cadre juridique international qui ne reconnaît plus l’usage de la force comme mode de règlement des différends entre Etats. Dans ce cadre nouveau, nos armées interviennent maintenant essentiellement au sein de systèmes marqués par le désordre, la violation du droit ou la menace sur la paix afin de permettre la restauration d’un système social et politique stable.
Aussi, alors que dans le passé, les objectifs stratégiques d’un conflit dépendaient le plus souvent directement du sort des armes, les résultats militaires obtenus sur les théâtres d’opérations actuels ne conduisent plus qu’à l’établissement des conditions minimales pour le succès stratégique. Une nouvelle phase apparaît, entre l’intervention armée et la phase du retour à la paix : la stabilisation, ayant pour objet de restaurer la stabilité par une maîtrise générale de la zone en incluant son environnement.
Le combat du faible au fort prend également une importance accrue car, durablement installées dans une posture de supériorité opérationnelle, les armées occidentales sont de plus en plus confrontées à des formes nouvelles de conflits. La guerre est désormais une guerre du contournement. Elle trouve sa pleine expression dans l’insurrection, la guérilla, le terrorisme ou la manipulation des populations. La défaite de l’ennemi ne suffit plus au succès de l’engagement et ne constitue plus l’objectif principal de l’emploi de la force.
Les enjeux du livre blanc sur la défense
Le Livre Blanc pour la Défense de 2013 se caractérise par une articulation nouvelle entre trois grandes missions définies par le Président de la République : la protection du territoire et de la population ; la dissuasion nucléaire et l’intervention des forces armées à l’extérieur du territoire national. Il distingue donc les opérations de coercition, susceptibles de voir nos forces affronter des armées étatiques et les opérations de gestion de crise, qui ont des caractéristiques militaires différentes.
De plus, il doit maintenir l’équilibre délicat entre des menaces permanentes et un niveau de ressource contraint de manière radicale par l’impératif de redressement de nos finances publiques. C’est pourquoi se met en place un modèle d’armée qui vise à tirer le meilleur parti de nos capacités militaires, en appliquant un principe de différentiation pour concentrer les moyens les plus onéreux là où ils sont indispensables et un principe de mutualisation pour les capacités rares ou critiques pouvant être utilisées dans différentes missions ou partagées avec nos partenaires européens.