Placé sous le haut patronage de monsieur Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale, l’édition 2014 du colloque de doctrine de l’armée de Terre intitulé « 1914 / 2014 Coalitions et innovations. Deux impératifs d’une armée moderne » a permis aux différents intervenants de réfléchir aux deux directions de progrès identifiées pour les forces armées dans le concept d’emploi des forces que le Premier conflit mondial avait déjà mis en évidence : l’impératif d’amélioration des synergies entre alliés et partenaires ainsi que l’impératif d’innovation dans l’emploi des forces. Plus que les évolutions elles-mêmes, ce sont les dynamiques de la victoire de 1918 et des combats d’aujourd’hui qui ont été analysées pour dresser un panorama des avancées, mais aussi des défis que peuvent représenter aussi bien les coalitions que les innovations opérationnelles ou doctrinales.

 

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afficheAprès s’être intéressé à l’opération Serval  en 2013, le colloque de doctrine de l’armée de Terre du 3 décembre 2014 s’est attaché à étudier deux directions de progrès identifiées pour les forces armées dans le concept d’emploi des forces que le Premier conflit mondial avait déjà mis en évidence : l’impératif d’amélioration des synergies entre alliés et partenaires ainsi que l’impératif d’innovation dans l’emploi des forces. Plus que les évolutions elles-mêmes, ce sont les dynamiques de la victoire de 1918 et des combats d’aujourd’hui qui ont été analysées pour dresser un panorama des avancées, mais aussi des défis que peuvent représenter aussi bien les coalitions que les innovations opérationnelles ou doctrinales.

En une centaine d’années, les évolutions ont été nombreuses : les engagements se sont diversifiés pour faire face à une menace polymorphe, la complexité des théâtres des crises a contribué à l’augmentation de l’interdépendance entre les acteurs internationaux et les restrictions budgétaires nationales pèsent sur les financements militaires. Les engagements sont caractérisés par un retour à la force, nécessité par un ennemi plus violent, par des missions diversifiées face à des adversaires déterminés, par une logique expéditionnaire de plus en plus marquée et par une attente politique – doublée d’une pression médiatique – de plus en plus importante. Les zones d’intervention sont de plus en plus étendues – allant jusqu’au champ immatériel, tandis que les soldats doivent faire face à un ennemi aux normes morales très éloignées du droit de la guerre.

Alliant l’étude historique à la dimension prospective, chaque table ronde s’est attachée à proposer une véritable réflexion sur l’engagement multinational et les innovations dans le domaine du combat terrestre.

 

Coalitions

S’il semble être aujourd’hui la norme des engagements sur des théâtres opérationnels, le cadre multinational n’a pas toujours été une évidence. A l’été 1914, des armées nationales s’affrontent – et il faudra attendre plusieurs années de combats pour que Foch, désormais commandant suprême interallié, prenne la tête d’une coalition internationale. Un siècle plus tard, les forces terrestres interagissent avec des acteurs très différents : forces de l’OTAN, casques bleus, armées nationales… A chaque fois, il s’agit de relever de nouveaux défis issus d’une volonté politique.

Au sein de l’OTAN, les forces françaises disposent d’un modèle cohérent et d’une réelle crédibilité opérationnelle, maitrisant l’ensemble des typologies d’opérations et capables d’entrer en premier sur un théâtre. Le déclenchement particulièrement rapide de l’opération Serval  en 2013 a permis de démontrer, s’il en était besoin, la pertinence du modèle français. Mais la Blitkrieg  conduite lors des premiers jours de Serval ne s’est pas faite sans le soutien d’alliés et en coordination avec les forces locales. Les premiers éléments du RETEX malien soulignent en effet la large part des opérations menées sur le terrain avec d’autres acteurs (EUTM, MINUSMA, forces maliennes…). Le projet franco-britannique d’un Combined Joint Expeditionnary Force  (CJEF), cette force binationale projetable non-permanente issue du traité de Lancaster House  (2010) montre aujourd’hui ses premiers résultats lors d’exercices où l’interopérabilité est le maitre-mot.

Salué par les responsables politiques, et vécu au quotidien par les militaires en opérations, le travail en coalition est souvent le seul moyen d’atteindre les objectifs mais reste néanmoins le fruit d’efforts régulièrement consentis. La participation à une force multinationale peut aussi impliquer la confrontation de modèles doctrinaux ou juridiques, des difficultés linguistiques ou culturelles, une interopérabilité limitée ou des missions différentes sur le terrain. A l’heure des contraintes budgétaires se posent les questions de la pertinence des outils de défense nationaux ou de la dépendance vis-à-vis des organismes type OTAN.

 

Innovations

Innovation de la Grande Guerre, le guerre en coalition apparaît désormais comme un modèle doctrinal dans lequel s’inscrivent résolument les travaux de l’armée de Terre. Mais la caractéristique multinationale des conflits est bien loin d’être la seule avancée de la Première Guerre Mondiale.

A la signature de l’armistice de 1918, le pantalon Garance  de l’infanterie française n’est plus qu’un lointain souvenir : en 4 ans, l’armée française s’est modernisée plus rapidement qu’aucune autre et est devenue la plus puissante de l’époque. Les officiers, rompus à l’analyse et à la réflexion doctrinale, ne cesseront de proposer des modèles variés et des innovations opérationnelles qui mèneront finalement à la victoire. La proximité entre la société civile et les hommes du front permettront la mise au point et surtout le déploiement rapide de nouveautés technologiques allant de l’artillerie à l’aviation.

Si le combat des tranchées a laissé place à des théâtres variés (ville, désert) où se battent des ennemis différents (armée révolutionnaire, bandes armées, etc…), les moteurs de l’innovation doivent être préservés et soutenus. Le programme SCORPION permettra donc d’augmenter les capacités opérationnelles des soldats, fournissant une meilleure protection, des équipements plus performants, un soutien plus efficace et des systèmes de communication intégrés. L’innovation sert le besoin opérationnel actuel mais doit aussi permettre de gagner les guerres de demain. Face à une menace polymorphe, les armées doivent aujourd'hui envisager des évolutions : conflits civils internationalisés, prolifération des systèmes d’armes, retour de la manœuvre aéroterrestre, etc. pour mieux s’adapter : combat interarmes et interarmées, robotisation (drones, déminage, simulation…).

Souvent très coûteuse et nécessitant parfois des essais infructueux, l’innovation technologique est aujourd’hui conduite par le Ministère de la Défense et les industriels. Elle ne peut plus se permettre – comme en 1914 – d’être le résultat d’initiatives individuelles, mais doit être issue d’une volonté commune d’améliorer les capacités opérationnelles des forces. Quand les budgets sont comptés, le soutien à la recherche permet non seulement de s’assurer un avantage sur le champ de bataille, mais aussi de conserver une excellence française, une autonomie stratégique et des compétences industrielles propres.

***

Les deux maitres mots de ce colloque – coalitions et innovations – ne peuvent être dissociés de la volonté du CEMAT de remettre en mouvement les hommes et les intelligences pour parvenir à un nouveau modèle d’armée de Terre. Malgré une temporalité qui pourrait sembler défavorable (parution récente du dernier Livre Blanc sur la Défense et la Sécurité Nationale, Loi de Programmation Militaire), l’augmentation des menaces (aussi bien sur le territoire national qu’en dehors des frontières) et l’approche du seuil critique des armées sont autant de facteurs qui poussent aujourd’hui à la réforme.

Comme en 1914, pour gagner les guerres de demain, il s’agit d’innover aujourd’hui et de s’engager ensemble. Mais en 2014, à l’heure de la robotisation et du soldat augmenté, le combat reste avant tout une affaire d’hommes.

 

1ère table ronde

Défis et synergies de l’engagement multinational

  • Les forces terrestres et l’OTAN : quel bilan ? Quelles perspectives ?
  • Interagir avec les acteurs militaires en Afrique : leçons de l’opération Serval
  • Les approches bilatérales : l’exemple de la composante terrestre du Combined Joint Expeditionary Force (CJEF)

2e table ronde

Défis de l’innovation

  • Regard historique : la guerre comme moteur de l’innovation
  • Vision prospective : quelles perspectives innovantes pour le combat terrestre ?
  • Armée de Terre 2020 : le rendez-vous Scorpion
  • Cent ans après les premiers chars, quelles innovations pour les forces terrestres?

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